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Transcorsica AMV Légende 2023 : la Corsica fait le printemps

Modifié le Écrit par La Rédaction
Transcorsica AMV Légende 2023 : la Corsica fait le printemps
© Lionel Beylot
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Sur la carte, Michelin 345 ou 528 pour ceux qui aiment encore lire comme nous entre les plis et pas seulement suivre la flèche du GPS, la distance de route entre Bastia et L'Île-Rousse c'est 68 kilomètres. Ou 89 km, si on préfère aller chercher une nationale (T30) plutôt que la départementale (D8). En gros, une heure et trente minutes de route quelle qu'elle soit. Avec la même carte, mais avec l'itinéraire dessiné par Jacques Sentenac, c'est une journée de roulage qu'il faut prévoir ! C'est que l'organisateur de la Transcorsica AMV Légende 2023 a plus d'un détour dans son sac. Personne n'a été surpris, tant les habitués de ses organisations sont nombreux sur le quai au départ de Nice en ce début avril. Pour embarquer sur le ferry italien les visages connus se croisent, se reconnaissent, se saluent. Certains se cherchent, et s'attendent même. À 55 ans, Guillaume Ledoigt fait partie de ceux-là. « J'étais venu sur une Transpy, j'ai aimé le concept » raconte volontiers cet ingénieur « élevé en rêvant au Dakar sans avoir le droit d'avoir une moto. » Depuis, il se rattrape : « On roule entre potes, nous sommes venus à 6 ! » Des amateurs de motos anciennes, de moins en moins sur l'épreuve, ou vintage ou néo-retro, voire de gros trails.

186,530 km précisément annoncés au roadbook qui par contre ne dit rien du temps du parcours.

Mais au-delà des machines, beaucoup comme eux se sont donné rendez-vous pour écrire un nouvel épisode de leurs voyages AMV commencés avec effectivement les Transpy puis les Transalpes, proposées depuis bientôt 10 ans déjà.

Chasseur de virages

La première, c'était en 2015, pour un “coast to coast” depuis Biarritz à travers les Pyrénées. Déjà à l'époque le tracé avait tenu toutes ses promesses et séduit avec ses milliers de virages. Alors forcément en débarquant pour cette première édition en Corse, personne ne s'attendait à rejoindre L'Île-Rousse par la voie directe. Le roadbook du premier jour l'a vite confirmé : “Jack” Sentenac c'est le Bill Paxton des virages. Il cherche autant les courbes et les routes sinueuses que l'acteur américain court après les tornades dans Twister. Voire davantage. Dès le premier jour, au lieu d'aller plein est de Bastia vers la côte opposée, c'est cap au nord. Pas le cap Nord non, même si la météo durant le séjour lui fera un gentil clin d'œil neigeux, mais le cap Corse. 186 km et 530 mètres très précisément annoncés au roadbook, bien roulé sur le guidon mais qui ne dit rien du temps du parcours. Et pour cause, sur la Transcorsica AMV Légende, chacun est totalement libre de rouler à son rythme, et au gré de ses envies. En respectant évidemment les limitations de vitesse.

Quand Franck Allard, au guidon de sa Ducati Scrambler, laisse peu de monde arriver devant lui à l'étape du soir, le gros de la troupe prend la sortie en mode “on se balade”, “on boit un café”, “fais-moi une photo”, “sympa ce restau, on s'arrête… ” Faut dire ici que le toujours fougueux patron d'AMV, toujours présent sur toutes ces sorties annuelles (lire par ailleurs), est poussé par ses amis qui savent ce que rouler veut dire. Les participants ont ainsi pu voir dans la roue du boss des assurances deux Yamaha emmenées par Philippe Alliot et un certain Christian Sarron. Pas des manchots au guidon, même s'il paraît que les champions ont aussi un bon coup de fourchette. Bref ils s'arrêtent moins que la plupart des motards présents venus humer l'air du large sur la côte, et profiter des senteurs de la végétation renaissante en montagne.

C'est le jaune dans le vert...

C'est la magie de la Corse en avril. Elle n'est pas écrasée par les températures estivales et renaît au printemps dans 1 000 odeurs et couleurs. Avec les genêts dans le maquis, c'est le jaune dans le vert. Et pas le jaune dans le verre. Le Casa (NDLR : boisson locale anisée à consommer avec modération) ce sera pour ce soir. Une fois la moto béquillée. Pour l'heure, comme sur chaque étape, cinq jours durant, tout le monde savoure d'être juché sur sa machine pour se gaver de ces paysages et des virages qui vont avec. Le tout sur des routes peu fréquentées à cette période de l'année. Un atout pour attirer les motards. « Dans notre volonté d' élargir la période d'accueil des touristes, sur ce que l'on appelle les ailes de saison, on travaille spécifiquement à faire venir les motards » observent d'ailleurs à l'agence du tourisme corse Pascal Aquaviva, le directeur, et Olivier Lucchini, en charge entre autres des produits moto.

Une offre alléchante

Faut dire que le menu corse est alléchant avec toujours les mêmes ingrédients, sans que personne ne s'en offusque : des routes sinueuses, des cols à monter, des points de vue à vouloir s'arrêter tout le temps, des cols à descendre, des bords de mer plein de charme… le tout servi par le chef Sentenac, après des reconnaissances sérieuses pour trouver les bons tracés, servis chauds. Enfin quand il ne neige pas. .. De quoi rassasier les gourmands de sortie en moto, même un (vrai) chef : « Je n' étais jamais venu à moto en Corse. Cet endroit est incroyable pour rouler » se réjouit Julien Serri. Le plus motard des chefs parisiens est plus trail que street… bike du coup.

Mais les sensations sont bien là au guidon d'un Guzzi V85TT. « En plus j'avais peur de l'effet de groupe mais on roule comme on veut et finalement on est souvent seul » analyse le roi de la pizza portafoglio (servie pliée comme à Naples, sa spécialité). C'est en effet une des autres caractéristiques des trips AMV Légende par Monsieur Jacques : les départs se font au fil des envies. Un seul impératif si on ne veut pas transporter son bagage : déposer son sac avant le départ du camion qui va les emmener directement à l'hôtel du soir (un énorme atout surtout quand on veut profiter des routes corses, voire un luxe). Et il faut aussi respecter l'horaire du dîner le soir.

20 heures, comme le JT. Car à la différence du déjeuner où chacun fait ce qu'il veut, le soir c'est repas en commun. Pour le plaisir de se retrouver tous à table pour se raconter sa journée entre potes ou en découvrant de nouvelles personnes embarquées dans cette aventure.

Les histoires défilent

Et des histoires tout le monde en a. Surtout cette année avec la neige invitée surprise sur une des cinq étapes. Juste ce qu'il faut pour ne pas se mettre par terre mais pour nourrir nos souvenirs et les conversations, au dîner, ou au bar ! À ce petit jeu, Pierre-Louis Lamy raconte une histoire comme le milieu les aime. À 32 ans, il roule à moto depuis qu'il a appris à passer les vitesses sur la Yam DTMX de son père. Mais c'est avec une moto qu'il a retapée lui-même « pendant plus de trois ans dans un box à Lyon » qu'i l a été (très) remarqué. Faut dire qu'il était difficile de ne pas l'entendre arriver avec son Suzuki 500 2 temps, joli à regarder aussi. « J'avais envie de ça car mon père avait déjà un Suzuki 2 temps, mais en 350. » Et le gaillard a bouclé la Transcorsica, Bastia-Bastia, 1 000 kilomètres avec son engin alors que dans son garage des motos “plus faciles” lui tendaient le guidon. Pas la Bultaco 350 Alpina de 78 ou le DTMX toujours là, mais des Ducati, « un Monster de 93, une Multistrada, mais j'avais envie de le faire avec celle-ci. » Et pour rouler avec son père aussi.

C'est que Dominique (le papa) et Brigitte (la maman) étaient là. À bord d'un roadster JBA Falcon. Eh oui, une voiture ! Une nouveauté sur les sorties AMV Légende qui depuis ces dernières années marient auto et moto. Près de 80 deux-roues sur cette édition, et une trentaine sur 4 roues. « En fait, on avait offert la Transcorsica à mon père pour ses 70 ans, et je me suis dit que j'allais y aller aussi » sourit Pierre-Louis, comblé. Une cohabitation entre “caisseux” de luxe, certes, et motards, sans incident. « C'est une victoire pour moi », se réjouit Jacques Sentenac, habitué quand il organisait des raids tout-terrain à réunir ces deux publics. « Souvent les passionnés de belles autos aiment aussi les motos, quand ils n'en ont pas eux-mêmes. Ce qui est souvent le cas. Et c'est vrai aussi pour les motards », observe cet organisateur aussi expérimenté que hâbleur. Faut dire que “remonter” au guidon sur deux Jaguar Type E ou venir doubler une Porsche 936 ou une Austin Healey participe au bonheur de rouler ensemble.

Une nouveauté sur les sorties AMV Légende depuis ces dernières années : marier auto et moto

Qui plus est quand chacun respecte l'autre. Un petit geste de la main depuis les cabriolets et du pied depuis les motos, et tout roule. Et pour rouler, Damien Gerbeau aussi a bien roulé, en graissant ses bottes « et mon jean aussi », se marre ce Bordelais. Venu lui aussi avec un 2T, une Yamaha RDLC, il n'avait pas eu le temps de bien adapter la bague de sortie de son échappement… Même le meilleur des pressings n'y pourra rien. Mais ce jeune motard n'en a que faire, il a bouclé son tour de Corse et roulé lui aussi avec son père. « C'est lui qui a la Cadillac qui prend toute la route » rigole celui-ci. Une Cadillac digne de transporter le Youkounkoun, et que les motards ont prise en amitié.

Et souvent en photo. Encore une raison de s'arrêter. Et si c'était cela la recette du succès de la Transcorsica AMV Légende, un itinéraire bien tracé et la liberté de prendre son temps pour le boucler ? Pour ceux qui veulent y goûter, ou en reprendre, l'édition 2024 est déjà annoncée. Sur le quai du départ, deux motards, deux Éric, Péchaudral et Rossignol, et un groupe de potes se le promettent. Ils seront de retour l'an prochain. Ils ne seront pas les seuls.

Outre la Transcorsica annoncée pour 2024, une nouvelle édition de la Transpyrénéenne est annoncée du 24 au 30 septembre de cette année 2023. Renseignements sur transcorsica-amv-legende.com.

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