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Carlo Borlenghi : Il maestro della fotografia

Publié le Écrit par La Rédaction
Carlo Borlenghi : Il maestro della fotografia
© Thomas Campion, archives Carlo Borlenghi & DR
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C'est sur les bords du lac de Côme en Italie et plus précisément à Bellano, sur la rive orientale et fief de la famille Borlenghi depuis plusieurs générations, que Carlo nous a reçus. La lumière, les montagnes, l'eau ont bercé son enfance et son adolescence mais son destin aurait dû être tout autre. Son père, industriel spécialisé dans les systèmes hydrauliques, souhaitait que Carlo, aîné de la famille, reprenne le flambeau. À l'occasion d'une sortie sur le lac pour suivre une régate d'amis, Carlo réalise ses premiers clichés. Le déclic est là malgré des difficultés techniques.

Lors de la toute première régate de Carlo sur la côte ligurienne, sa vie bascula dans un autre monde, celui des magazines, des reportages et des voyages. Un univers jusqu'à présent inconnu mais qu'il va apprivoiser au fil du temps.

« Je préfère travailler au grand angle et intégrer un sujet en premier plan. Mes premières années chez ont été très instructives. »

« Ma toute première régate en tant que photographe a été à Alassio pendant l'hiver 1979. C'est là que j'ai réalisé la photo du bateau Brava. C'est ce cliché qui m'a fait connaître auprès du magazine Vogue. Le rédacteur en chef de Vogue Italie régatait à Alassio lorsqu'il a découvert cette photo. Il m'a alors demandé si ça m'intéressait de travailler pour le nouveau magazine qu'ils allaient sortir. Cette nouvelle revue parlait de la mode des hommes et du bateau en général, voile et moteur. Ma rencontre avec Giancarlo Scalfati a changé ma vie. Giancarlo m'a tout le temps poussé à faire des choses différentes. J'avais interdiction de faire deux fois les mêmes photos. Il me disait “focalise-toi sur un détail, je ne veux pas voir le bateau. Il faut de la couleur, des détails du pont, une courbe, de la matière. ” Il était très exigeant. Il ne râlait jamais. Il était toujours constructif, continuellement à me pousser à faire mieux. À mes débuts, je trouvais les bateaux à moteur très difficiles à photographier.

Ce n'était pas ma tasse de thé. Mais en travaillant tu peux faire des choses étonnantes. Pour Vogue je faisais aussi les essais des bateaux des grands chantiers à la réputation mondiale comme Riva ou Ferretti mais également les portraits de personnages importants de la voile et des régates. Le rythme était soutenu, j'ai dû arrêter mes études afin de me consacrer pleinement à mon métier. » C'est lors de cette période et grâce à cet apprentissage chez Uomo Mare Vogue que Carlo est devenu Carlo Borlenghi. Son style est désormais reconnaissable et l'arrivée du numérique et de nouveaux produits lui ont permis d'explorer de nouvelles techniques comme par exemple les photos entre deux eaux. Parfois la barrière entre la photo et la peinture est minime. Il aime jouer avec les lignes et les formes et ses clichés d'architecture prennent parfois des airs de voiles bien alignées. En 1983, Carlo se rend à Newport aux États-Unis pour couvrir l'America's Cup. « J'ai eu la chance par la suite de participer à toutes les campagnes de l'America's Cup pour les Italiens d'Azzura. Quand j'ai arrêté de travailler pour Vogue j'étais libre. En 1989 j'ai créé Sea&See Italia.

L'agence photo existait déjà en France. J'ai commencé à essayer de vendre mes clichés mais je représentais aussi d'autres photographes. Entre-temps j'ai travaillé pour plusieurs éditions de la Withbread, la course autour du monde en équipage et avec escales. En 2000, un groupe décide de m'acheter l'agence et c'est à ce moment que le passage aux appareils photos numériques s'opère. Vendre les photos devenait très compliqué. Heureusement que j'avais le sponsoring pour bien travailler. » Photographe officiel de la marque horlogère suisse Rolex depuis de très nombreuses années, Carlo Borlenghi parcourt le monde afin de retracer de la plus belle des façons les instants de ces courses.

Rolex Fastnet Race, dont le prochain départ sera donné le 22 juillet, Sydney Hobart, Giraglia Cup, Maxi Yacht, Swan Cup, China Race… si ces noms font rêver les régatiers du monde entier, les images fournies par Carlo sont souvent spectaculaires et uniques. Il est certain que les moyens mis à disposition sont à la hauteur de ces événements mais le rendu photographique n'a d'égal que le talent de Carlo. « La Sydney Hobart est un moment très important pour moi dans le calendrier des courses. » Si cette épreuve se déroule bien loin de l'Europe et des États-Unis, elle passionne les foules et de nombreux marins souhaitent l'inscrire à leur CV nautique. Les conditions météorologiques sur le parcours sont souvent extrêmes et procurent des images qui vont parfois au-delà du réel. « La traversée du détroit de Bass entre l'Australie et la Tasmanie est unique. Le vent et la mer sont violents. J'ai la chance de pouvoir suivre la course en hélicoptère car c'est le seul moyen d'obtenir des images du large. Je vole en général entre 25 et 30 heures avec des ravitaillements dans des endroits reculés et isolés où personne ne passe. »

La Coupe de l'America occupe une place importante dans sa vie.
Il participe à toutes les campagnes italiennes depuis 1983 et se forge un nom dans le milieu.

Son meilleur souvenir ?

« Il y en a tellement que c'est difficile. La nature est surprenante. Elle nous offre des moments uniques comme cette fois sur la Middle Sea Race où j'ai pu admirer deux tornades en même temps, deux arcs-en-ciel, le Stromboli en éruption… Il y a aussi la faune avec les dauphins et les poissons-lunes dans le détroit de Bass. Mais un de mes grands moments reste la victoire de Ben Ainslie lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012. Il avait une pression énorme des Anglais et de son adversaire direct, un Danois.

Je ne pouvais pas m'arrêter de photographier mais lorsqu'il a gagné je pleurais presque derrière mon appareil. »

Le pire moment ?

« J'ai vécu trois moments qui ont failli être dramatiques.

J'ai eu deux accidents d'hélicoptère. Le premier, la sacoche d'un journaliste s'est prise dans le pédalier du pilote qui n'arrivait plus à contrôler l'appareil. Nous avons dû nous poser en urgence alors que nous étions au-dessus de la mer.

Heureusement nous avons pu regagner la terre mais c'était limite. Le deuxième, j'étais avec mon caméraman qui filmait tranquillement un Class J à Palma et d'un seul coup le pilote me lâche qu'il n'a plus de puissance. Il n'arrive plus à remonter et nous passons à quelques centimètres du mât du bateau. Les images étaient superbes mais nous nous sommes posés violemment au sol. Le pire je crois a été la fois où sur le départ de la Volvo Ocean Race à Lorient (Morbihan), nous avons été percutés par un maxi-trimaran. Heureusement nous avions débarqué pas mal de journalistes, ça aurait pu être bien pire. J'ai mon appareil photo qui a été cassé et j'ai encore la marque de ce choc sur le torse. »

La photo rêvée

« S'il fallait une composition cette photo se ferait en Tasmanie avec les formations rocheuses d'Organ Pipes. Ce lieu est magique et j'adore y passer lors de la Sydney Hobart. Je rêve de photographier un petit bateau devant avec un ciel tempêtueux et d'immenses vagues. Pour moi la lumière est très importante et je trouve dommage que sur les régates les courses s'arrêtent si tôt. À partir de 16 h le soleil décline et la lumière devient très intéressante. Il faudrait faire des régates en fin d'après-midi. » Du salon de sa maison, la baie vitrée s'ouvre sur le lac tel le diaphragme d'un objectif. La vue est spectaculaire et chaque instant pourrait être figé sur papier glacé. Cette vue que Carlo a voulue lui permet de rester connecté avec son “jardin”. Après avoir publié plusieurs ouvrages sur le lac et ses environs, Carlo Borlenghi s'est lancé dans un travail gigantesque qui s'affiche dans les rues de Bellano et sur les façades des commerces et de la mairie, celui de photographier l'ensemble des habitants de sa ville. Un livre a également été publié à cette occasion. Entre ses déplacements aux quatre coins du monde et ses rendez-vous à Milan, Carlo n'oublie jamais son petit bateau moteur, mouillé juste devant chez lui et qui lui permet de s'échapper l'espace d'un instant pour capter une lumière, un vol d'oiseaux migrateurs, un reflet et même pêcher quelques poissons du lac pour les partager ensuite avec ses amis.

Jamais loin de l'eau, Carlo est un personnage attachant, discret, généreux et certainement le meilleur capteur d'images à l'heure actuelle.

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