Pierre Samon – Setton Bullit 298S : en plein dans le mille

Les chiens ne font pas des chats, ne dit-on pas. Et en matière de passion, l'amour de la vitesse et des automobiles de collection se transmet souvent de père en fils. Restaurateur comblé de plusieurs modèles “vintage” (Porsche, Aston Martin classics… ), Pierre Samon a toujours eu un autre rêve en tête : dénicher le bateau à moteur qui a marqué sa tendre enfance. Précisément, il s'agit d'un Bullit 298. Un offshore de plaisance construit dans les années 80 par la marque française Setton Boats. « Éric, mon papa, était un passionné d'automobile, il aimait aller vite et participait régulièrement à des courses en voiture comme en moto, explique notre sudiste. En 1969, il s'engage avec Michel Martin au Tour de France Auto au volant d'une Ford GT40 et court très souvent en Formule Renault au Castellet sur le circuit Paul Ricard notamment via la fameuse école Renault Elf-Winfield. » Par la suite, il crée un club de gentlemen drivers baptisé le “Club de la Licorne” au sein duquel se retrouve toute une bande d'amis et “énervés du volant”, comme Philippe Cornet-Épinat ou le célèbre René Goscinny ! Régulièrement collé au bitume et accroc à la gomme, le père de Pierre voue également une passion à la mer, la Côte d'Azur et les bateaux à moteur. Il sera notamment l'heureux propriétaire d'un Riva Aquarama. Ami proche de la célèbre famille Setton, il apprend au début des années 80 que son ami Joe Setton « qu'il considérait comme un de ses mentors, avait développé un bateau performant aux États-Unis et qu'il cherchait à développer la marque Setton Boats dans le sud de la France , détaille Pierre Samon.

En 1983, mon papa a eu le coup de foudre pour un Bullit en version Cabin Sport

En 1983, mon père a le coup de foudre et fait l'acquisition d'un Bullit en version “Cabin Sport” motorisé avec deux Mercur y de 20 0 chevaux. » Prix de l'époque : 177 900 francs. La même année et après plusieurs discussions avec d'autres passionnés, il signe un accord commercial avec Joe pour la distribution exclusive des bateaux du même nom dans une zone allant de Nice à Menton. Fin 1985, Éric Samon vend son Bullit pour un autre bateau et décède une année plus tard d'une crise cardiaque, léguant à son fils quelques souvenirs mémorables en mer à bord de cet offshore « que ma mère a toujours trouvé efficace et épatant », raconte Pierre Samon, un trémolo dans la voix.

En réalité, cette obsession pour le Bullit le poursuivra longtemps. « En 2018, je cherchais à acheter un bateau à moteur depuis un petit moment, explique-t-il. Je me rends à Mandelieu-La Napoule pour tester en mer un Riva Ariston mais face au tarif affiché et à l' entretien que cela représente, j'abandonne rapidement l'idée. Sur le chemin de retour, je croise par hasard un bateau à moteur qui attire toute mon attention. Je rêve ou quoi ? À quelques mètres se trouve le bateau de mon enfance. Ce fameux Setton Bullit ! Je sympathise rapidement avec Olivier Feldain, son propriétaire de l' époque. Deux heures passent où l'on parle de cette histoire qui nous lie, à la marque et à toute cette passion que nous partageons pour ce Bullit 298 et les années 80. » Coup du destin ?

Me voilà comme mes parents en 1983, dans le port de Beaulieu-sur-Mer, aux manettes d'un Bullit datant de 1979

Restauré côté peinture de coque et sellerie, le bateau est à vendre car son propriétaire souhaite acquérir un offshore Chaudron. Affaire conclue ! « Me voilà durant l' été 2019, comme mes parents en 1983, dans le port de Beaulieu-sur-Mer, aux manettes d'un Bullit fabriqué en 1979. » Débute alors une restauration de A à Z et une personnalisation du bateau aidée par un expert, Yannick Lethiec (Ets Lethiec), à Pegomas dans les Alpes-Maritimes. Le tableau de bord est repensé avec une finition en carbone, de nouvelles manettes de gaz et un volant sport “Nardi” pour conserver le style de l'époque. Des renforts sont ajoutés sur le pont avant pour une meilleure rigidité et le faisceau électrique est entièrement revu. Enfin, petite révolution avec l'installation de deux nouveaux hors-bord : des Mercury 300R ! « Ces moteurs ont apporté un confort et un équilibre incroyables au bateau, même en pleine mer », concède notre collectionneur. Et puis « la manière dont il déjauge, d'un coup comme un Jet-Ski, est surprenante ! » Été 2022. Au port de Beaulieu, Pierre et son Bullit ne passent pas inaperçus, ce qui confirme cet intérêt croissant pour les coques sportives et “vintage” des années 80. « Beaucoup de personnes reconnaissent immédiatement le bateau avec son logo Bullit sur la carène.

Ils viennent souvent me voir en pensant que mon offshore est neuf et sont surpris de découvrir qu'il date déjà de 1979 ! » Et celui qui rêve de retrouver un jour le vrai Bullit de son père d'ajouter : « Lorsque je pilote mon merveilleux Bullit, je suis immédiatement replongé dans les 8 0s et dans la série Miami Vice, où le style et la performance étaient prioritaires sur le confort et la sécurité. Je regarde d'ailleurs avec beaucoup de curiosité et d'amusement la génération suivante, celle née dans les années 90, qui est nostalgique d'une époque qu'elle n'a pas connue. Je suis né en 1983 et je suis toujours étonné de voir cet engouement et cette tendance en plein développement pour les films, les séries, la musique, la mode, le design, les bateaux, les voitures ou l'art des années 8 0. » Un esprit Miami Vicequ'il partage avec d'autres passionnés ou propriétaires de Bullit entre l'Europe et les États-Unis. « Avec mon ami collectionneur Fred Lebaz, nous recherchons le maximum d'informations sur les Setton Boats et échangeons sur des forums. À ce jour, nous recensons une quinzaine de Bullit à travers le monde, dans des états plus ou moins corrects. » Nul doute que le Bullit est déjà entré dans la catégorie des bateaux à moteur collector !