Brough Superior dagger : en action
Sculptée dans les plus nobles matières, la Dagger s'affiche comme le fer de lance de la production de Brough Superior modernes. Le constructeur toulousain puise toujours dans les riches racines britanniques de la marque pour nourrir son inspiration. Par Sébastien Joulas.

Brough Superior dévoile la Dagger, une moto moderne alliant performances sportives, matériaux nobles et design épuré, fidèle à son héritage britannique tout en rompant avec le style rétro.
Immense défi que d'homologuer un modèle lorsqu'on n'en produit que quelques dizaines par an, comme c'est le cas pour Brough Superior, marque de bécanes que l'on pourrait aussi bien classer dans l'industrie du luxe que dans celle de la moto. Chaque modèle assemblé dans l'usine de Saint-Jean, dans la périphérie de Toulouse, est de fait une pièce d'orfèvrerie. La Dagger ne fait pas exception, même si en l'équipant de roues de 17 pouces, une première sur une Brough Superior, la marque s'aligne sur l'essentiel de la production moto, alors qu'elle s'attachait jusqu'ici à proposer des motos d'exception dotées de roues de 18 pouces, comme son best-seller, la sublime S.S.100.
Une démarche assumée par Brough Superior, comme l'affirme son directeur général Albert Castaigne : « On a dès le départ décidé de dessiner une moto moderne, qui s'inscrit dans la production d'aujourd'hui. C'est d'ailleurs notre première moto Euro5, ce qui est une étape déterminante de notre évolution, avec un échappement deux-en-un et une valve à l' échappement qui permettent d'optimiser la chauffe de la catalyse, donc la dépollution…
C'est aussi la première Brough Superior qui s'affranchit de tous les codes de design rétro. C'est-à-dire qu'on n'en est plus du tout à traiter du chrome, des échappements coniques, et autres références aux motos d'avant-guerre. On voulait vraiment avoir cette offre quasi-concurrente avec celle d'autres marques et on en a vu le bien-fondé, puisque la réponse du marché a été très nette, avec notamment un élargissement de notre cible.
Esprit Brough Superior
Nous avons des clients qui n'ont pas vraiment la fibre rétro, et qui d'ordinaire s'intéressent aux belles Italiennes, mais qui sont venus à nous après avoir vu la Dagger. Ils veulent passer à Brough Superior parce qu'ils ont là un produit qui correspond à ce qu'ils cherchent en termes de qualité et d'exception. » Pour autant, Brough Superior ne s'affranchit pas des codes qui ont marqué son identité depuis la reprise de la marque par Thierry Henriette en 2017.
« La Dagger conserve une géométrie typique avec la fameuse fourche de type Fior, le châssis en titane et autres pièces nobles. Toutes les pièces d'habillage ont été redessinées et réalisées en carbone avec une finition satin. Cette moto reste une moto d'exception faite à la main, on garde évidemment notre positionnement », précise Albert Castaigne.
Ce positionnement a néanmoins fait l'objet d'un ajustement, car entre la version présentée au Salon de Milan fin 2022 et celle que nous avons pu essayer sur les routes des Cévennes, la Dagger a évolué sur plusieurs points, certains visibles et d'autres moins. Le sabot a notamment fait l'objet de plusieurs évolutions, ainsi que l'habillage de tête de fourche. Autre point esthétique toujours très important sur des motos aussi chères que les Brough Superior, la selle a fait l'objet d'un soin particulier sur la V2, avec un revêtement satiné extrêmement classe et des œillets du plus bel effet.

Performance maîtrisée
Amélioration invisible à l'œil nu, la Dagger a également été revue au niveau de sa géométrie générale, avec un empattement réduit pour favoriser sa maniabilité. L'objectif, on l'a compris, est de rapprocher cette moto au maximum du comportement d'un roadster sportif standard. De ce point de vue, la Dagger remplit son contrat dès les premiers tours de roue, avec une position de conduite naturelle, un bicylindre souple à bas régime et une boîte de vitesses que l'on sent à peine tant elle se révèle douce, en accord avec l'embrayage, très facile à vivre lui aussi.
Le large guidon incurvé offre presque trop de confort de conduite pour un roadster sportif, mais le plaisir de ne pas avoir à plier l'échine et à se casser les poignets compense largement celui de se prendre pour un pilote. D'ailleurs, les relances du bicylindre de 1 000 cm3 , dont les magnifiques carters usinés dans des blocs d'alu sont une autre justification du tarif élevé de l'engin, procurent de réelles sensations sportives. Le V-twin ouvert à 88 °, comme sur l'ensemble de la production Brough Superior, propulse le pilote d'une façon à la fois vigoureuse et linéaire, sans le moindre creux à déplorer malgré l'adaptation forcément contraignante aux normes Euro5.

Le comportement à la fois vif et stable de la moto sur les changements d'angle ou les entrées en virage, ainsi que sur les freinages, qu'ils soient appuyés ou simplement “léchés”, valide le choix de conserver le principe de fourche triangulée de type Fior, tant celle-ci se fait oublier et se rapproche du comportement d'un élément classique. Un tour de force réussi par Brough Superior, au prix de nombreux tests et évolutions dans l'usine de production de Saint-Jean, où les modèles sont à la fois imaginés, conçus et assemblés.
Un formidable temple de la mécanique, d'où sortent une centaine de motos par an, dont une partie d'Aston Martin, la marque britannique ayant délégué à Brough Superior la conception de ses merveilles sur deux roues. Revenons à l'essai de la Dagger sur les routes cévenoles, qui nous permettent d'éprouver le châssis de la “dague” (traduction de Dagger), baptisée ainsi en hommage à Lawrence d'Arabie, fameux possesseur de Brough Superior “première génération”, et dont le souvenir est encore aujourd'hui entretenu par les Toulousains qui président aux destinées de la marque autrefois britannique.

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